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Scénariste de BD

Un métier encore marginalisé

Le rôle du scénariste de bande dessinée a été au centre d’une rencontre organisée, le 3 octobre 2025, dans le cadre du Festival international de la bande dessinée d’Alger (FIBDA). Les intervenants, parmi lesquels Ahmed Haroun, Mahfoud Aider, Slimane Zeghidour et Boukhalfa Amazit, ont souligné les failles d’un écosystème culturel où le scénariste de BD peine encore à trouver sa place et à être reconnu comme un véritable créateur.

Pour Ahmed Haroun, revenir à la genèse de la BD algérienne permet de mieux comprendre cette fragilité. Il a rappelé que le premier magazine de BD, M’quidech, avait vu le jour en 1968 sous l’impulsion d’Abderrahmane Madoui. « C’est lui qui a posé les premières pierres de la bande dessinée algérienne, à une époque où tout restait à créer », a-t-il indiqué.

Mahfoud Aider a, de son côté, souligné un problème ancien, celui du manque d’intérêt pour l’écriture scénaristique. « Le scénario a toujours été notre talon d’Achille. Les auteurs se détournaient de la BD, qu’ils considéraient comme un art mineur. Très peu voulaient écrire pour un dessinateur », a-t-il regretté, évoquant aussi la précarité financière des débuts « à 40 dinars la planche, c’était impossible d’en vivre. Beaucoup ont fini par abandonner ».

Le journaliste et écrivain Slimane Zeghidour a rappelé que cette fragilité dépasse le cadre du neuvième art. « C’est le même problème dans le cinéma ou le théâtre. Pour qu’un art vive, il faut un triangle, à savoir des créateurs, un public et des producteurs. Sans cela, on reste dans une production épisodique, sans continuité », a-t-il expliqué.

Enfin, Boukhalfa Amazit a replacé la question dans son contexte historique et économique. Il a rappelé que « dans les années 1970, près de 75 % des Algériens étaient analphabètes. Comment espérer créer un lectorat pour la BD ? ». Il a aussi regretté que « l’État ait longtemps été le seul acteur du secteur culturel », une situation qui, selon lui, freine encore aujourd’hui l’émergence d’une véritable industrie de la bande dessinée, faute d’initiatives privées capables de créer un marché, d’investir dans la production et d’assurer une diffusion durable des œuvres.